industriedu transport maritime

Le transport de marchandises conteneurisées constitue une excellente illustration d'un concept central en stratégie, la chaîne de valeur. La transaction naît d'un besoin pour l'expéditeur de livrer des marchandises à un destinataire situé de l’autre côté de l’océan. L’expéditeur (ou chargeur) est généralement une entreprise manufacturière qui fabrique des biens de deuxième et de troisième transformation. Ces biens industriels sont de petite dimension et peuvent s’entasser dans un conteneur. Le point de contact entre l’expéditeur et la chaîne logistique est l’agence maritime. Voici un aperçu des étapes de la transaction :

  • L'agence maritime planifie les étapes du trajet et coordonne le travail des partenaires le long de la chaîne de valeur. Elle assure la gestion administrative du dossier ainsi que le suivi au niveau de la sécurité et des assurances.
  • Peu de temps après leur fabrication, les marchandises sont empotées dans l'usine du manufacturier selon un plan rigoureux. Après inspection du service des douanes, les scellés sont apposés sur le conteneur.
  • Une grue dispose alors le conteneur à bord d'un camion ou d'un train. Les marchandises complètent la portion terrestre du voyage à destination d'un port maritime.
  • Le conteneur est déchargé dans l'ère protégée du terminal maritime dans l'attente du navire porte-conteneurs.
  • Lorsque le navire arrive à quai, une société spécialisée en arrimage hisse le conteneur sur le navire à l'aide d'une grue portique et divers équipements permettent de le disposer selon un plan qui assure la stabilité du navire.
  • Le navire quitte le port avec son chargement et complète la portion maritime du trajet.
  • Le navire arrive à destination. Une autre société d'arrimage décharge le navire et positionne le conteneur sur le quai à l'aide d'une grue.
  • Le conteneur prend à nouveau la voie terrestre pour atteindre le destinataire ultime.
  • À destination, le conteneur est dédouané et livré au client. L'agence maritime s'assure de compléter la gestion administrative du dossier.

Le modèle des 5+1 forces de Michael Porter identifie les groupes d'acteurs qui ont la plus grande influence sur le rapports de force au sein d'une industrie. Voici comment sont représentées ces forces dans la simulation NaviSim :

Les clients

Le pouvoir des expéditeurs par rapport aux concurrents doit s'évaluer sur chaque trajet maritime et pour chaque produit (standard ou réfrigéré). S'il y a surcapacité sur un trajet donné, les expéditeurs seront en meilleure position pour faire baisser les prix ou négocier des services additionnels. Le même principe s'applique lorsqu'il y a déséquilibre entre les trajets d'import et d'export ; les expéditeurs possèdent un plus grand pouvoir dans la portion où le taux de remplissage est le plus faible. Compte tenu de ce qui précède, il est impératif pour les armateurs de mener une veille permanente sur le marché. Cela permettra de déceler les segments de marché moins bien servis ainsi que ceux où le rapport de force avec la clientèle est le meilleur.

L'intensité concurrentielle

Comme la technologie navale est accessible à tous les concurrents par l'intermédiaire des chantiers maritimes, le service en mer tend à s'uniformiser. Les clients perçoivent souvent peu de différence dans la qualité du service, ce qui les amène à privilégier le prix comme principal critère de décision. Cette situation encourage une concurrence féroce entre les armateurs et entraîne une baisse générale de rentabilité dans l'industrie. Pourtant, des occasions intéressantes de différenciation existent notamment au sein des agences maritimes. Encore faut-il adopter une stratégie d'intégration verticale en aval!

Les fournisseurs

Les grands chantiers maritimes connaissent d'immenses problèmes de surcapacité depuis la deuxième guerre mondiale et leur pouvoir de négociation s'avère par conséquent limité. L'armateur trouvera toujours quelque part un chantier qui acceptera de lui construire un navire mais les prix peuvent varier dans le temps. Dans le marché secondaire (affrètement), les prix sont essentiellement déterminés par l'offre et la demande. Ils connaissent une grande volatilité.

Tous les autres fournisseurs gravitent autour des ports pour offrir leurs produits ou services. L'industrie du transport maritime n’a évidemment pas d’influence sur le prix de l’énergie (fioul ou diésel). Le pouvoir de négociation est plus grand par rapport aux services spécialisés. Le moyen le plus radical de modifier la structure de prix des services portuaires consiste à changer de port. Il est également possible d'intégrer verticalement les deux principales activités d'amont et d'aval, soit l'arrimage et les services d'agence maritime.

Enfin, les ressources humaines constituent un cas à part. À l'opposé du transport en vrac, le transport conteneurisé fait généralement appel à une main-d'oeuvre spécialisée et bien rémunérée. Toutefois, comme les navires battent pavillon étranger, cette dimension est écartée du modèle NaviSim car elle est souvent confiée en sous-traitance.

Les produits de substitution

La substitution est abondamment discutée dans le modèle de Porter mais ne menace pas le secteur maritime. Exceptionnellement, lorsque les produits sont légers et valent très cher, il sera possible de transporter les marchandises dans des avions-cargo. Mais dans la plupart des cas, les chargeurs n'ont aucune alternative lorsque le prix du transport maritime devient prohibitif, sinon de se retirer du marché.

La menace de nouveaux entrants

La simulation NaviSim se limite aux moyens classiques pour fermer la porte à la concurrence, moyens qui sont bien décrits dans le modèle de Porter : augmenter la capacité sur un trajet, offrir des navires plus récents, investir dans le service à la clientèle, etc.

Comme NaviSim se veut un exercice pédagogique, l'entrée et la sortie ne sont pas autorisés en cours de simulation. Même si l'industrie s'avère très rentable, aucun concurrent ne s'ajoutera. À l'inverse, si l'industrie se révèle fortement déficitaire, les concurrents en place seront soutenus par les banques et devront poursuivre la simulation jusqu'à la fin.